Santé mentale : les idées reçues
« Nous connaissons tous quelqu'un qui est concerné par un trouble de la santé mentale, ou qui l’a été à un moment de sa vie », indique le Dr. Emilie Piouffre, psychologue et formatrice au sein des Premiers secours en santé mentale (PSSM). Mais qui sont les personnes concernées par la détresse psychologique ? Que veut dire « être en bonne santé mentale » ? Et comment faire ? A l'occasion de la journée mondiale de la santé mentale ce lundi 10 octobre, le Dr. Piouffre nous répond en décryptant cinq idées reçues.
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Idée n°1 : la santé mentale est moins importante que la santé physique.
Il n’y a pas de santé sans santé mentale. Selon l’OMS, « elle permet d'affronter les sources de stress, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler [...] ». C'est le cas de le dire, car quand notre santé mentale est fragile, les conséquences peuvent être graves : isolement, burn out, insomnie, prise ou perte de poids… La liste de répercussions sur la vie privée et/ou la vie professionnelle est longue. « Les troubles psychiques sont aussi la première cause d’invalidité et d’arrêt maladie de longue durée », explique le Dr. Piouffre.
Les trois principaux facteurs qui influencent la santé mentale :
- Biologiques : antécédents familiaux, variations hormonales
- Sociaux : isolement, pauvreté, sédentarité
- Psychologiques : expériences, trauma, violences
Idée n°2 : être en bonne santé mentale, c’est se sentir bien.
Avoir une santé mentale fragile ne veut pas forcément dire qu’on souffre d’une maladie psychique. Selon la psychologue :« On est sur un continuum tout au long de notre vie. Au cours d’une même journée, on peut basculer d’un état de bonne santé mentale à un état de santé mentale fragile. Cela peut être parce qu'on manque de sommeil, qu'on a appris une mauvaise nouvelle, ou qu'on a eu un accident de voiture, par exemple ». Dans ce type de situation, il est naturel et sain de ressentir de la frustration, de la tristesse ou de la colère.
Pour savoir s'il s'agit d'un trouble psychique, on prend en compte :
- L’impact : quelles sont les répercussions sur la vie de la personne (personnelle ou professionnelle) ?
- L’intensité : les symptômes sont-ils handicapants ?
- La durée : « S’il s’agit d'un jour ou deux jours, c’est le continuum de la santé mentale, précise le Dr. Piouffre. Si les principaux symptômes ont duré plus de quinze jours, il peut s’agir d’un trouble ».
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Idée n°3 : les troubles psychiques ne sont pas de « vraies » maladies.
Sans distinction d’âge, de sexe ou de milieu social, les troubles psychiques et les épisodes de souffrance psychique sont souvent associés à une forte mortalité. Au sein du PSSM, « Un de nos objectifs majeurs est de lutter contre la stigmatisation de ces troubles », explique l’experte. L’approche est comme pour les premiers secours en santé physique, « On ne forme pas des professionnels de la santé, mais on donne les clés nécessaires pour assister une personne en souffrance ». La formation des secouristes dure deux jours, au cours desquels on aborde les thèmes les plus fréquents dont : les pensées suicidaires, l'attaque de panique, l’événement traumatique, les troubles anxieux, la crise psychotique, l’intoxication dûe à une substance, ou encore la conduite agressive.
Idée n°4 : les hommes souffrent moins de troubles psychiques que les femmes.
« Cela dépend des troubles », indique le Dr. Piouffre. Une étude publiée par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) en 2019 a révélé que les femmes étaient plus fréquemment concernées par les troubles dépressifs. Cependant, les hommes seraient plus susceptibles de développer des troubles liés à l’utilisation d’une substance, telle que l’alcool ou la drogue. « Cela dit, au cours des dix dernières années j’ai vu une vraie évolution chez mes patients, souligne la psychologue. Au départ, je recevais plus de femmes et maintenant, je reçois quasiment autant d’hommes que de femmes ». Il est donc difficile de déduire si ces tendances sont biologiques ou liées à un phénomène sociétal.
Idée n°5 : les troubles psychiques ne concernent que les adultes.
« J’ai toujours reçu des enfants dans mon cabinet », indique le Dr. Piouffre. Mais comme pour les hommes et les femmes, il est difficile de quantifier le nombre d’enfants touchés. Certains sont accompagnés chez un psychologue par des parents à l’écoute… D’autres, non. « Et ce n’est pas forcément ceux qui sont amenés chez un thérapeute qui ont le plus besoin d’aide », précise la psychologue. Selon une publication de Santé publique France, depuis début 2021, les passages aux urgences pour geste suicidaire, idées suicidaires et troubles de l'humeur ont augmenté chez les enfants de 11-17 ans.
Comment prendre soin de sa santé mentale ?
Comme pour être en bonne santé physique, pour être en bonne santé mentale il est recommandé de :
- Manger équilibré
- Bouger régulièrement
- Mettre en place de bonnes habitudes de sommeil
Selon le Dr. Piouffre, il est aussi important de s’autoriser à faire des choses qui nous font du bien, telles que :
- Parler à des personnes qui sont à l’écoute
- Communiquer ce qu’on ressent
- Faire des activités qu’on apprécie
- Faire des choses qui nous ont aidées dans le passé : « Cela peut être aussi simple que regarder un coucher de soleil ou faire à manger pour sa famille », précise la psychologue.
- Utiliser des techniques de relaxation
« Cette liste n’est pas exhaustive, indique le Dr. Piouffre. Car ce qui fait du bien à une personne n’est pas forcément ce qui fait du bien à une autre ». Pour savoir ce qui marche pour vous, posez-vous la question « Quand je ne me sens pas bien, qu’est-ce qui me fait du bien ? ».
Vous trouverez plus d'informations sur le Dr. Emilie Piouffre et le PSSM sur leurs sites docteure-emilie-piouffre-psychologue.business.site et pssmfrance.fr. En cas de besoin, retrouvez égalemnt les lignes d’écoute d’aide à distance sur le site du gouvernement : sante.fr.