« Il n'est jamais trop tard pour se transformer »
« Nous confondons le bonheur et le confort », souligne Fabrice Midal dans son ouvrage Comment rester serein quand tout s'effondre. Philosophe, auteur à succès et fondateur de l’Ecole occidentale de méditation, il estime que le confort nous séduit dans l’idée mais nous étouffe dans la réalité. Selon lui, le bonheur réside dans l’affrontement des défis… Mais encore faut-il aller à leur rencontre, ainsi qu’à celle de nos émotions (même les plus douloureuses). Son approche est à la fois optimiste et philosophique, pleine de paraboles, de citations et même d’anecdotes personnelles. Nous avons voulu en savoir plus sur les émotions, les défis et le processus de transformation lorsqu’on veut adopter un mode de vie plus sain. Fabrice Midal répond à nos questions.
Comment est-ce que les obstacles nous rendent plus heureux ?
Je trouve notre rapport au bonheur et à la sérénité extrêmement faux : on a l’impression qu’on sera heureux le jour où on n’aura aucun défi et que tout ira bien. Or, on n’est pas heureux parce que tout va bien, mais lorsqu’on fait face aux difficultés et qu’on essaye de trouver des manières de les dépasser. C’est quand on relève un défi, quand on affronte une difficulté qui ne nous écrase pas et qu’on a le sentiment d’y arriver. On a l’impression d’entrer dans ce que les psychologues américains appellent le « flow ». Si je ne sais pas nager, par exemple, alors je décide de m'entraîner : si j’y parviens, cela m'apportera un bonheur extrêmement profond.
Comment pouvons-nous réagir face aux défis pour qu’ils puissent nous être utiles ?
Quand nous sommes confrontés à des difficultés, à un désarroi ou à une blessure, le fait de se mettre à l’écoute de ce qu’il nous arrive. C'est un espace de transformation extrêmement profond. Si je n’arrive pas à faire quelque chose, comme cuisiner un plat ou apprendre quelque chose, il ne faut pas s’arrêter à l'échec mais essayer de comprendre ce qui bloque. Ce qui fait qu’on n’y arrive pas permet d’apprendre des choses supplémentaires et de découvrir des choses plus profondes en nous. Ainsi, la difficulté devient un espace de travail profond.
Sommes-nous tous capables de nous transformer ?
Tout est dynamique dans notre existence. Cela veut dire que nous sommes toujours capables d'apprendre. Prenons l’exemple d’un enfant qui apprend à marcher et qui tombe. S’il se dit « Je suis humilié, j’arrête d’essayer », il n’apprendra jamais à marcher. Ce n’est pas seulement une loi pour les enfants. Tout être humain peut tout le temps, à chaque moment, continuer à apprendre et se transformer. Nous ne sommes jamais prisonniers de notre passé ou de notre éducation. C’est une croyance extrêmement malencontreuse ! La possibilité de se transformer, de se reconstruire, voire même de se réinventer est inhérente à la logique même de la vie.
Vous expliquez dans votre livre que toutes les émotions ont un intérêt. Comment devrions-nous réagir face aux émotions négatives ?
Je pense qu’il est dangereux de dire qu’il y a des émotions positives et des émotions négatives. Le problème, ce n’est jamais une émotion, c’est le fait que nous la rejetons. Si je ressens de la colère, de la gêne ou de la peur, par exemple : penser que cela est négatif m’empêchera d’entrer en rapport à ce que je vis. Il faut écouter ce que toutes nos émotions ont à nous dire. C’est paradoxal, car si nous prenons la colère, on va dire « quand je suis en colère, c’est affreux ». Mais ressentir sa colère ne veut pas dire exploser et faire du mal aux gens. Au contraire, cela serait s’en défausser. On a tendance à croire qu’il faut soit réprimer les émotions soit les exprimer. C’est ni l’un ni l’autre. Il faut entrer en relation avec elles en les écoutant. Si, par exemple, j’ai envie de manger du chocolat parce que je me sens blessé émotionnellement : écouter son émotion ne veut pas dire manger du chocolat, ou de m’interdire de ressentir ce que j’éprouve, mais plutôt rencontrer ma blessure et voir comment je pourrais lui répondre.
Dans votre ouvrage, vous expliquez que la culpabilité est inutile. Comment pouvons-nous y faire face ?
Si on se sent coupable, il faut essayer de comprendre ce qui se passe en se posant la question « Pourquoi est-ce que je me sens coupable ? ». Il ne faut surtout pas essayer de lutter contre ce qu’on ressent, car cela le renforce. On l’explore pour trouver des forces et des ressources qui permettent de trouver un cheminement profond de transformation. Il n’y a pas seulement la volonté ou l’abandon : la vraie clé du changement est de rentrer en rapport avec ce qui nous arrive. Cette idée s'applique aussi à la perte de poids : plus nous nous privons pour réussir, moins nous y arrivons. A chaque fois que nous fuyons un problème, nous finissons par aller plus mal. Il faut explorer ce que nous éprouvons sans le juger.
A la fin de votre ouvrage, vous vous adressez au lecteur en lui disant « sors de ton confort ». Pourquoi avez-vous choisi de conclure avec cette phrase ?
Parce que nous confondons le bonheur et le confort. Le confort, c’est comme quand on est enfermé dans une sorte de cocon : on ne bouge pas et on finit par étouffer. Les personnes qui ont des objectifs de perte de poids, par exemple, veulent prendre un risque : prendre le risque de changer leur poids, de changer leur alimentation, de changer leur mode de vie. Cela demande un effort, de se remettre en question et cela nous grandit. Ce n’est pas confortable, mais cela apporte un profond bonheur. Je trouve que notre société confond de manière terrible le confort qui anesthésie avec le sens profond du bonheur qui est une aventure.
Retrouvez plus d’informations sur Fabrice Midal et ses publications sur son site www.fabricemidal.com.