Comment manger consciemment
Manger consciemment, ça pourrait sembler être un luxe. On savoure chaque plat, en aspirant son parfum, et en admirant sa couleur et sa forme. Dès qu’on prend une bouchée, on admire son goût, sa température et sa texture. Est-ce moelleux ou croquant? Salé ou sucré? Épicé ou fade? On remarque comment le goût change à mesure que l’on mâche la nourriture lentement et soigneusement, en déposant la fourchette entre deux bouchées et en respirant profondément pour vérifier si notre corps a encore envie de manger. Lorsqu’on a terminé, on est parfaitement rassasié; la faim est disparue, mais on ne se sent pas l’estomac plein et encore moins gonflé. Manger est un plaisir et l’on a nourri notre corps en parfaite harmonie avec l’univers.
N’est-ce pas que ça semble merveilleux? Mais on dirait aussi que ça demande beaucoup d’efforts. Il est difficile de faire de chaque bouchée de nourriture une expérience extraordinaire, surtout quand la réalité s’en mêle. Il y a des courriels à envoyer, des factures à payer, les enfants à emmener et à aller chercher. Parfois, un repas ne doit être rien de plus qu’un repas.
Pourtant, des études révèlent qu’une alimentation réfléchie pourrait contribuer à la perte de poids. Elle nous permet de manger plus lentement, ce qui peut réduire la consommation de calories, car on laisse le temps à notre corps de signaler au cerveau que l’on a assez mangé. On en retire aussi une plus grande satisfaction de notre nourriture. Une étude récente a révélé que notre perception ou la « mémoire » de ce que nous mangeons détermine le degré de rassasiement que nous ressentons par la suite, peu importe la quantité de nourriture que nous avons effectivement consommée. Combien souvent nous est-il arrivé de manger en face de l’ordinateur ou en regardant la télévision, pour nous réveiller soudainement et constater que toute la nourriture avait disparu?
Le défi consiste à intégrer une alimentation réfléchie dans notre vie quotidienne. Les experts prétendent que ce n’est pas si difficile. « Nous aimons croire que nous sommes occupés », souligne Brian Wansink, Ph.D., professeur en comportement des consommateurs à l’université Cornell. « Il ne faut que 15 minutes pour vraiment savourer un repas. »
Mais que l’on dispose de quinze minutes ou de seulement cinq, les experts conviennent qu’on peut manger de façon réfléchie, peu importe où l’on se trouve. On mourrait d’inanition si on devait attendre de trouver le moment et le lieu idéal pour entrer dans un état conscient quand on mange. « On peut le faire n’importe où », dit Lilian Cheung, Dt.P., nutritionniste à la Harvard School of Public Health.
Essayez ces quelques trucs simples :
-
Ne vous laissez pas distraire en mangeant.
« L’essentiel, c’est de se concentrer sur la nourriture elle-même et de ne pas se laisser emporter par d’autres pensées ou par ce qui se passe autour de nous. » Elle suggère de fermer les yeux et de prendre une ou deux respirations profondes pour passer à un autre niveau de conscience. Ça peut se faire sur un banc de parc, lors d’une réunion ou même dans l’auto (stationnée) dans le courant d’une journée occupée par les courses. « Stationnez-vous dans un endroit un peu à l’écart où vous aurez moins de distractions », recommande le professeur Wansink. « Il s’agit de savourer son repas autant que possible et c’est impossible à faire lorsqu’on est arrêté à un feu rouge. »
-
Profitez des moments que vous avez.
« Il faut avoir conscience du temps qu’on a devant soi pour manger », explique la nutritionniste Lilian Cheung. « Si on ne dispose que de 10 minutes, on peut envisager de scinder le lunch en deux. Mieux vaut savourer une partie de la nourriture, puis passer à la prochaine chose à l’agenda, quitte à manger le reste plus tard. » Si c’est impossible de faire autrement, il s’agit au moins de reconnaître qu’on ne peut pas manger de façon réfléchie en certaines circonstances. « Si on ne peut éviter de manger en conduisant, on doit au minimum avoir conscience du fait qu’on est en train de manger à la va-vite », dit-elle. Il y a là une importante leçon. Au fil du temps, on sera en mesure de faire la distinction entre les deux états. À mesure qu’on voit comment on se sent mieux quand on mange de façon réfléchie, on voudra en faire une priorité. -
Éloignez-vous de votre bureau.
Nous savons tous combien les Français profitent de la vie en prenant leurs supposés « déjeuners » de deux heures hors du bureau. Mais il s’avère parfois impossible de sortir. Il faut stopper le travail et quitter son espace même si ce n’est que pour emprunter le couloir menant à la salle de pause, conseille le professeur Wansink. « Les gens aiment faire croire aux autres qu’ils sont si débordés qu’ils ne peuvent tout simplement pas prendre une pause », dit-il. « On profitera bien plus d’un repas pris en compagnie d’une autre personne que de celui consommé assis au bureau en naviguant sur Internet ou en regardant les photos de mignons chatons qu’un étranger a publiées sur Facebook. » -
Faites en sorte que les repas se déroulent dans une atmosphère détendue et plaisante.
Nous savons déjà ce qu’il faut faire pour créer un environnement physique propice à la réalisation de nos objectifs de perte de poids : Ne pas garder de camelote alimentaire dans la maison. Passer devant les beignets dans la salle de conférence sans en prendre. Éviter les buffets à volonté. Mais l’environnement émotionnel est tout aussi important. Des études révèlent que les gens mangent plus rapidement quand ils sont stressés ou contrariés. Donc, on devrait éviter les sources de dispute quand on s’assoit pour manger. On pourra toujours aborder les questions chatouilleuses après le souper. Même si l’on doit changer de sujet soudainement, on peut le faire avec un sourire et nos compagnons de table vont probablement emboîter le pas. Bon appétit!